Les Femmes Savantes, de Molière

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Les Femmes Savantes

 

Pour nous, il était hors de question de faire des « redites » et de conserver la mise en scène d’il y a 10 ans. La moitié des acteurs actuels étaient déjà présents, mais tous ont changé de rôle. Mais ce n’était pas suffisant et nous avons cherché à explorer d’autres pistes, à renouveler notre point de vue sur la pièce. La mise en scène d’il y a dix ans s’était appuyée sur le côté ridicule des femmes savantes. D’où l’utilisation au premier degré des ressorts comiques de la pièce. Les femmes savantes affublées de costumes aux couleurs vives, avec des grandes perruques également colorées. Un Trissotin « romantiquissime », …etc. Pour cette nouvelle présentation, nous sommes partis de la constatation que faire des femmes savantes des marionnettes comiques (comme dans Les Précieuses) déclenchait facilement le rire mais enlevait à ces femmes beaucoup de leur humanité. C’est cette humanité que nous avons voulu montrer. Ces femmes ne sont pas des fofolles. Elles ont une mise stricte (noir et blanc). Elles ont leur logique. Elles aiment (ou croient aimer), elles se battent, elles souffrent parfois. Bref, elles sont vivantes, même si elles sont parfois aveuglées par leur désir de connaissances (tout à fait légitime en soi) et leur jugement erroné sur la personne de Trissotin, leur « gourou ». Mais il y avait le III° acte. Impossible de ne pas les rendre ridicules dans cette partie de la pièce. C’est ce qui explique le décalage que nous avons voulu entre ce III° acte et le reste de la pièce. Transposées dans le cadre d’un spectacle auquel elles assistent ou d’une rencontre (genre vernissage), elles peuvent (snobisme ? enthousiasme collectif ?) devenir pour un temps franchement ridicules sans que cela entame leur cohérence et leur humanité. Ne sommes-nous pas tous parfois ainsi dans de telles circonstances ?!) Ce III° acte apparaît donc comme une parenthèse, et si nous l’avons un peu « modernisé », c’est pour mieux marquer la différence avec le reste de la pièce. En complément certains jours nous donnerons une farce de Molière, Le Mariage forcé. C’est l’autre côté du génie de Molière, un comique franc et massif et particulièrement efficace. Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas d’un moindre intérêt. Le burlesque est une chose terriblement difficile à concevoir, … et à jouer.

 

 

 

  • Résumé

 

Molière a 50 ans. Il a énormément de travail : il dirige sa troupe, il joue, il écrit et met en scène des pièces pour les fêtes royales et pour son propre théâtre. Il est célèbre et a beaucoup d’admirateurs. Des ennemis aussi. Un homme actif et créatif, vivant intensément (pour un an encore, mais c’est une autre histoire) Paradoxalement, cette hyper-activité pourrait expliquer que Molière ait mis 4 ans à écrire la pièce (lui qui, avait écrit DOM JUAN en 3 mois). Besoin de prendre son temps au moins pour une fois ? Désir de réaliser cette grande comédie en 5 actes  et en vers qui serait l’apogée de son œuvre ? Entreprise réussie en tout cas. LES FEMMES SAVANTES est une  pièce dans laquelle on sent la maîtrise d’un auteur en pleine possession de sa technique.

 

Il y a plusieurs niveaux de lecture de la pièce : LES FEMMES SAVANTES, c’est en premier lieu une histoire d’amour (des amours contrariées, de la haine ,  de la jalousie, …), et c’est l’histoire d’une famille (comme dans certains feuilletons-télé, … et comme souvent chez Molière), avec ses rapports de pouvoir…(mari et femme), ses affinités sélectives (Henriette et son Père, Armande et sa Mère). On y voit aussi que « quand les parents mangent des raisons verts les dents des enfants en sont agacées ». Et cette famille vit dans un monde qui n’est pas le nôtre, certes, mais qui a quand même des points communs avec celui dans lequel nous vivons : rapports de classes, banquiers, catastrophes annoncées, procès, faux intellectuels et professionnels de la culture avec leurs petits cercles d’initiés, ou de parasites (on ne citera pas de noms, mais les Trissotin existent encore de nos jours !)

Trissotin. Peut-être le personnage central  de la pièce (même s’il n’ apparaît qu’au III° acte, comme Tartuffe).  Pour Molière (qui a des comptes à régler !) Trissotin était un personnage connu, l’abbé Cotin. Académicien, prédicateur, connaissant l’hébreu, le syriaque et le grec, poète à ses heures  (Molière a eu le culot  de reproduire dans sa pièce, textuellement, deux de ses « œuvres », et de s’en moquer !), à l’époque, tout le monde a compris qui se cachait sous le nom de Trissotin. D’où par exemple ce poème écrit à la mort du pauvre abbé :

 

« Savez-vous en quoi Cotin / diffère de Trissotin ?

Cotin a fini ses jours / Trissotin vivra toujours. »

 

Pour nous la référence est morte, même si l’anecdote garde toute sa saveur. C’est pourquoi nous avons voulu donner du personnage une image un peu « modernisée », en résonance avec la société du spectacle dans laquelle nous vivons. Entre Lagerfeld et Lucchini nous avions  le choix des modèles ! Face à une œuvre classique, deux tentations  se présentent au metteur en scène : une représentation archéologique ou une actualisation forcenée. Nous avons essayé d’éviter ces deux écueils.  De même, il y a dans la pièce des éléments comiques et des ferments tragiques. Certaines mises en scène privilégient les uns ou les autres. Notre fidélité à Molière a été de ne sacrifier ni les uns ni les autres. Il nous a semblé que le mieux était … de  faire confiance à l’auteur.

 

Au spectateur d’en juger.

 

 

 

  • Lieu et dates

 

- Les 1er et 2 mai 2009 au Sémaphore

- Les 26, 27 et 28 juin puis les 3 et 4 juillet 2009, à la Propriété Melchior Philibert

 

 

 

  • Distribution

Armande              

Le notaire            

Henriette             

Philaminte           

Ariste                   

Vadius                           

                           

Trissotin              

Chrysale               

Bélise et               

Martine                

Clitandre              

 

  Agnès CROIBIER

Alexandra TOUREL

Aurélie VIOLLET

Caroline ORSI

Daniel CORTIER

Jean-François DESCOURS ou

Alexandra TOUREL

Jérôme ORSI

Michel GUIGUITANT

Pascale MAES et

Anne-Françoise PERROTTO

Yann L’HERMITTE ou

Vincent NIZET

                                 
Et dans les rôles des valets et aides sur le plateau : Ninon GIRARD, Clément GAGNEUX, Kevin RIDARD

 

 

Mise en scène : Bernard DANGAS

Décoratrice : Myriam BRUYERE

Communication : Adeline AVRIL

Lumières : Vincent NIZET

 

Costumes, décors, intendance, communication :

toute la troupe avec l’aide précieuse de :

Gilles FORNELLI, Claudine BAYARD,

Pierrette MEUNIER, Marie-France PERIER