Le Cercle de Craie Caucasien, de Brecht

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Le SOL a choisi de jouer cette pièce qui est un des chefs d’œuvre de Brecht, une pièce accessible à tous les publics (ce qui n’est pas le cas de toutes les pièces de Brecht), une belle histoire pour petits et grands.

Affiche Le Cercle de Craie Caucasien

  • Résumé
Un prologue : des paysans se disputent une terre…
Qui a le plus de droit de la mettre en valeur ?
Toute la pièce sera une parabole censée répondre à cette question.

Révolution au palais de Nukka en Georgie.
Le gouverneur est décapité. Sa femme s’enfuit en abandonnant leur fils, Michel.
C’est Groucha, servante au palais (et fiancée à Simon, un soldat qui part à la guerre) qui recueille l’enfant. S’ensuivent pour elle de nombreuses péripéties.

Elle rencontre beaucoup de difficultés pour protéger et nourrir cet enfant qui n’est pas le sien.
Pour lui donner un toit, Groucha accepte même de se marier avec un vieux paysan…

Retour de la "vraie" mère qui réclame son fils.
Procès. Le juge, Azdak, a des méthodes pour le moins originales.
On le suit à travers quelques uns des procès qu’il instruit.
Mais, à qui va-t-il confier l’enfant ?
A celle qui l’a mis au monde puis abandonné, ou à celle qui l’a élevé ?

C’est le jugement du cercle de craie…

 

  • Pourquoi Le Cercle de Craie Caucasien ?

Depuis deux ans, après un choix collectif, les acteurs du théâtre du SOL ont mis en chantier "le Cercle de Craie Caucasien" de Brecht. "Chantier", le mot convient bien à l’entreprise. Après Calaferte, Giraudoux, Beaumarchais et Shakespeare, c’est cette grande pièce de Brecht qui a donc été choisie. Pourquoi ? 

D’abord, parce que c’est une pièce qui est assez peu jouée à cause de sa "démesure" 
: 60 rôles, 12 changements de décors, plus de 100 costumes nécessaires… C’est cette démesure même qui nous a séduits : la troupe compte 27 acteurs, des amateurs chevronnés pour la plupart, ayant passé plusieurs années dans les ateliers du SOL, et ayant connu pour bon nombre d’entre eux les aventures théâtrales des années précédentes. C’est semble-t-il notre rôle de théâtre amateur de monter des pièces qui nécessitent une distribution nombreuse (puisque nous ne sommes pas limités par des contingences financières).

Le choix s’est aussi porté sur Brecht parce que c’était l’occasion de se confronter à un système de jeu nouveau pour nous. Nos expériences théâtrales sont très variées, et chaque fois guidées par l’exploration d’un univers original : théâtre classique (Molière), commedia Dell’ Arte (Gozzi), écritures contemporaines (Calaferte, Copi), comédies de Shakespeare, …

Avec Brecht, il a fallu, en amont des répétitions, une réflexion théorique à partir de lectures nombreuses de et/ou sur Brecht. Sans se laisser étouffer par un carcan idéologique ou esthétique, on ne peut, quand on joue Brecht, éviter de se poser les questions qu’il s’est lui-même posées, et se pencher sur les réponses qu’il y a apportées. Travail passionnant et enrichissant tant pour les acteurs que pour le metteur en scène.

Ce qui nous a intéressés aussi dans cette pièce, c'est le regard de Brecht sur les rappots humains. Il est question bien sûr, des relations et des conflits de classe à classe.  Une grande partie de la fin de la pièce parle de la justice. Parodie, à travers le personnage peu conventionnel d’Azdak. Critique aussi, féroce, de pratiques judiciaires d’un autre temps (?) ; mais en même temps point de départ d’une réflexion pertinente sur ce qu’est et ce que devrait être la justice. Comme presque toujours chez Brecht, au spectateur de prolonger s’il le souhaite cette réflexion…

Mais dans "le Cercle de Craie…", nous retrouvons un des thèmes majeurs du théâtre de Brecht, celui des relations interpersonnelles et de la "bonté". Le personnage de Groucha à partir de son engagement de départ et jusqu’aux ultimes conséquences, nous oblige à nous poser des questions (parfois sans réponse) : qu’est-ce qu’être bon ? La bonté est-elle utile ?  nécessaire ? suffisante ? A l’ère des O.N.G., de la multiplication des associations caritatives, du "charity business", ces questions valent d’être posées. Brecht lui-même a apporté des réponses parfois ambiguës ("La bonne âme du Tsé-Chouan"), parfois pessimistes ("Sainte Jeanne des abattoirs"), parfois plutôt optimistes (" Le Cercle de Craie…"). Encore qu’il y ait beaucoup à dire sur cet "optimisme"… Le monde doit-il nécessairement appartenir à ceux qui le transforment et le "bonifient" ? Bonne argumentation pour MONSANTO ou les colonialistes de tous poils, justification du droit d’ingérence… Comme on le voit, le problème est loin d’être simple. Groucha "sauve" un enfant, mais (comme Azdak) elle doit quitter la ville où tout va reprendre comme avant. Amère et inutile victoire.

On vient d’évoquer d’autres pièces de Brecht alors pourquoi avoir choisi "le Cercle de Craie …" ? Moins jouée que "La  bonne âme", la pièce nous a semblé plus "complète" et plus variée sur le plan théâtral : des chants, un chœur, des scènes de groupes, un kolkose, un voyage , un couple qui naît, se défait et renaît, des tribunaux et des procès, des personnages "riches" et vivants, les fastes de la cour et les campagnes les plus profondes de Georgie…  

En bref, une pièce propre à réconcilier un large public (de tous les âges) avec Brecht, dont l’image, il faut bien le dire, n’est pas toujours très positive : des pièces politiques trop didactiques, un terrorisme intellectuel qui a longtemps régné sur les metteurs en scène (comme s’il n’y avait qu’une façon, austère, froide,… de jouer Brecht !).

Nous voulons casser cette image. "Le Cercle de Craie Caucasien", c’est une belle histoire racontée, c’est du mouvement, de la poésie surtout, et un théâtre qui peut être très efficace. C’est une pièce où l’humour (oui, l’humour !) est souvent présent.

 

  • Lieu et dates 

- les 16 et 17 mai 2008, au Sémaphore d'Irigny

- les 27,28 juin et 4,5 juillet 2008 à 20 h 30, à la Propriété Melchior Philibert

 

  • Distribution

 

Adeline AVRIL
Agnès CROIBIER
Aline AUBERT
Angèle MISTRETTA
Anne PERREL
Anne-Françoise PERROTTO
Aurélie VIOLLET
Caroline ORSI
Daniel CORTIERE
Elsa HORRY
Gabriel LESPINASSE
Guillaume OLLER
Hugo BOUVERET 

 
Jérôme ORSI
Lucien DRISS
Lucile  FORNELLI
Magali MORIN
Manon FORNELLI
Marylou BALESTRIERO
Michel GUIGUITANT
Myriam BRUYERE
Nino SOLER-AVRIL
Pascale BIETRY
Sandrine BESSON
Stéphane PEGOUD
Yann L’HERMITTE

 

Mise en scène : Bernard DANGAS

Communication : Adeline AVRIL, Laure GARDETTE, Gabriel LESPINASSE, Yann L’HERMITTE
Décors, costumes et masques, sous la responsabilité de : Adeline AVRIL, Myriam BRUYERE et Pascale BIETRY
Lumières : Laurent CECH
Bande son : Guillaume OLLER                                            

Remerciements à tous ceux qui nous ont apporté leur aide, et en particulier : Mei CHUAN YANG (pour les chapeaux), Gilles FORNELLI (décors), Jean-Bruno MASSON, Pino, Laurent DRISS, Pierrette MEUNIER, Marie-France PERIER.

 

 

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